Témoignage de Marisol Boutonnet


Marisol Boutonnet a 19 ans. Elle est franco-hondurienne. Dans le cadre d’un cursus en sciences politiques – spécialisé sur l’Amérique latine et la péninsule ibérique – à Sciences Po Poitiers, Marisol a réalisé un stage d’un mois au CCAA en juillet 2019. Elle nous parle de son expérience auprès des jeunes du centre de Tegucigalpa. Pour elle, le CCAA rime avec « Famille, enseignement et joie. »

Avais-tu un lien avec le Honduras avant de faire ton stage au CCAA de Tegucigalpa ?

Étant de nationalité hondurienne, j’ai un lien émotionnel fort avec le Honduras, même si actuellement je me trouve loin du pays où j’ai grandi.

Pourquoi as-tu choisi de faire un stage au CCAA ?

Pour valider la première année de Bachelor, Sciences Po demande aux étudiants de réaliser un stage civique qui a comme but d’avoir un contact direct avec un public. Chaque étudiant doit choisir un objectif, une cause qui lui tient particulièrement à cœur et essayer de trouver un stage qui suive la logique de ses convictions. Si moi j’ai décidé de faire mon stage civique au CCAA, c’est parce que je m’intéresse énormément à l’égalité des chances, l’accès à la culture et à l’éducation, éléments que je trouve essentiels pour l’épanouissement de tout individu, surtout des adolescents. Le rôle que joue le CCAA, d’inculquer des valeurs à travers des activités culturelles et pédagogiques à des jeunes venant de quartiers défavorisés de la ville, en leur donnant l’opportunité de sortir de cette atmosphère obscure et négative et en leur permettant de se préparer pour entrer dans le monde adulte, m’a semblé une action très généreuse et admirable. J’ai ce désir, cette volonté, d’aider les jeunes qui n’ont pas eu les mêmes opportunités que moi et leur permettre de réussir et de ne pas perdre espoir.

Quelles étaient tes missions pendant ton stage ?

Je devais m’occuper de trouver des façons de promouvoir les cours de danse de salons, les rendre plus visibles dans la société hondurienne, trouver le moyen le plus adéquat de s’adresser au public et inciter sa curiosité, si possible ouvrir un atelier d’initiation à ce sport. Je me suis aussi engagée auprès des services CAP et j’ai participé à l’élaboration du « menu des services traiteurs » ainsi qu’à l’organisation et promotion du lancement du restaurant d’application. Par ailleurs, j’ai aussi donné des cours de français et d’introduction à la culture française (surtout centrés sur la gastronomie), aux élèves de CAP, le but étant qu’ils puissent avoir les bases pour pouvoir prendre en charge une table de clients francophones. J’ai également participé aux tâches quotidiennes du centre, tels que nettoyer les espaces de l’établissement, faire l’appel, prendre des photos des activités, guider les élèves, etc.

Qu’est-ce que tu penses des projets artistiques, culturels et pédagogiques menés par l’ONG Paris-Tegu à Tegucigalpa ?

Les projets que l’ONG mène sont très intéressants et nécessaires dans une ville comme Tegucigalpa où l’accès à la culture, à l’art est restreint. Ces projets sont divers et ils sont importants pour la croissance des adolescents, surtout à Tegucigalpa qui malheureusement n’offre pas d’espace à ses jeunes pour grandir, pour s’épanouir, un espace sain, éloigné de la violence et de cette atmosphère austère à laquelle des milliers de jeunes font face chaque jour. Les différents projets donnent une vraie opportunité à la jeunesse de la capitale d’apprendre et de développer leurs capacités intellectuelles, culturelles, ils découvrent un goût pour l’art, pour la cuisine, pour l’éducation, pour les valeurs sans aucune discrimination sociale. Les projets artistiques, culturels et pédagogiques menés par Paris-Tegu sont essentiels pour que les adolescents s’épanouissent en tant qu’individu, en tant que citoyen.

Quels sont les impacts de ces projets sur la vie personnelle et professionnelle des jeunes du CCAA ?

Les jeunes du CCAA sont très attachés à l’institution et cela je l’ai ressenti dès la première fois que je les ai rencontrés. Ils ont un vrai sentiment d’appartenance. Ils sont très investis dans les différents projets bien évidemment, mais aussi dans les activités quotidiennes du centre. Les jeunes sont très organisés et engagés, ils savent qu’ils ont des responsabilités à accomplir, des règles à suivre et c’est ainsi qu’ils font. J’ai pu connaître des jeunes indépendants et très motivés par les activités qu’ils peuvent réaliser, des jeunes qui ont plein de créativité et qui sont meneurs de nouveaux projets. Ce fut très frappant pour moi, le fait que les projets ont un impact très positif dans le développement de ces jeunes qui grandissent grâce au CCAA et à l’équipe de travail.

Est-ce que tu as aimé travailler avec l’équipe du CCAA ?

J’ai beaucoup aimé travailler avec l’équipe ; dès ma première journée je me suis sentie à l’aise auprès d’eux car ils m’ont tout de suite guidée. Ils m’ont appris à prendre des repères dans l’institution et pendant tout mon séjour au CCAA, ils ont tout le temps été là pour m’orienter si besoin. Ils m’ont confié des missions et on a tous ensemble pu établir des liens d’amitié.

Qu’est-ce que tu as appris pendant ton stage ?

Avoir et maintenir une association n’est pas un travail facile : derrière il y a toute une organisation, tout un travail de recherche, de planification de projets pour les jeunes, pour pouvoir obtenir des fonds… C’est tout un challenge, un combat de tous les jours pour maintenir l’association dans les meilleures conditions. J’admire énormément Mathilde et son équipe pour tout l’effort mis dans cette incroyable association qui mérite plus d’attention de la société hondurienne.
J’ai appris à mieux m’organiser dans les activités que je devais préparer, à travailler dans les temps et à toujours essayer d’aller plus loin que ce qu’on m’a demandé. Je me suis rendue compte qu’il est toujours important de ne pas se limiter au minimum et qu’il faut viser un meilleur résultat qui bénéficiera à tous. J’ai su m’organiser et dès que je pouvais, j’essayais d’aider. Le travail en équipe est aussi très important et utile. En travaillant à plusieurs, les actions sont plus efficaces et cela est même plus productif.

Que retiens-tu de ton expérience au CCAA d’un point vue personnel ?

Mon expérience au CCAA fut sans aucun doute très enrichissante pour moi. J’ai énormément apprécié le contact avec le public et c’est en l’étant que j’ai à nouveau pu être témoin de la dure réalité du pays, de la jeunesse, de la ville où j’ai grandi, qui n’ont pas eu les mêmes opportunités que moi et qui vivent dans un autre Tegucigalpa, une ville où les jeunes manquent d’amour, d’affection, d’éducation et valeurs pour pouvoir réussir dans la vie. Le CCAA prend ce rôle de formateur, permet aux élèves de grandir et de devenir des individus indépendants et capables ainsi que des citoyens conscients, avec une envie de changer le monde. Ce sont les valeurs que l’équipe inculque aux élèves qui leurs donnent des clés vers la réussite. J’ai pu me rendre compte à quel point, les élèves ont apprécié mon engagement auprès d’eux. Je suis fortement consciente aussi que chaque moment avec eux fut très important pour eux et ils ont su en tirer profit. Je l’ai moi-même senti et cela m’a motivée encore plus à faire encore mieux pour eux. Je suis partie très heureuse car j’ai appris beaucoup de choses, non seulement sur le plan professionnel mais aussi personnel. Mon stage fut un succès et j’ai beaucoup aimé travailler avec tous. Néanmoins, je suis aussi partie émue puisque j’aurais vraiment aimé pouvoir continuer avec les projets, continuer à contribuer au centre pour tous ces jeunes qui méritent de triompher et d’avoir une vie de qualité.

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